Le cycle des violences a repris dans la ville de Port Saïd après que la Fédération égyptienne de football ait décidé de suspendre pour deux ans le club de la ville Al Masry. Une décision qui intervient en conclusion des graves incidents qui avaient fait près de 80 morts lors d’un match opposant cette équipe à Al Ahly du Caire, il y a plusieurs semaines.
Les supporters d’Al Masry ont violemment réagi à cette mesure en manifestant leur colère dans les rues de la ville, provoquant des affrontements avec les forces de maintien de l’ordre. Il en a résulté un mort et des dizaines de blessés sans que la tension ne baisse et que la raison l’emporte. Bien au contraire, les manifestants n’ont pas désarmé, allant jusqu’à réclamer l’autonomie de la ville de Port Saïd, voire son indépendance.
Des propos d’une extrême gravité que ne justifient pas les sanctions prises par l’instance du football égyptien, accusée toutefois d’avoir tergiversé dans cette tragique affaire. La part de Port Saïd dans l’économie égyptienne est vitale. Les activités du port de la ville génèrent en moyenne cinq milliards de dollars de recettes pour le Trésor public. L’arrêt de ces activités aurait des conséquences sur le train de vie du pays qui est déjà sérieusement mis à mal par les répercussions de la révolution du 25 janvier 2011.
L’idée que Port Saïd puisse être détachée du corps de la nation est tout simplement impensable dans l’inconscient égyptien. La question qui se pose est alors celle de savoir qui se trouve derrière la propagation de ce mot d’ordre des manifestants déterminés à paralyser le canal de Suez. Encore une fois, ce sont les médias qui sont pointés du doigt dans leur traitement d’une question aussi épineuse que le rapport des supporters égyptiens avec le football. Une discipline où l’instrumentalisation des passions n’est jamais loin qu’il s’agisse de l’équipe nationale ou des clubs les plus emblématiques du pays.
C’est un état d’esprit que la révolution n’a pas contribué à changer. Le sport favori de certains de ces médias serait encore de jeter de l’huile sur le feu.
Par Djamel Eddine Merdaci